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Flying Whales : Le dirigeable réinventé

Publié le 29 juillet 2020

5 minutes

Flying Whales réinvente le dirigeable comme solution à faible empreinte environnementale pour le transport de charges lourdes. ALIAD, l’investisseur de capital risque du groupe Air Liquide, a pris part au capital de cette jeune pépite de l’industrie aéronautique pour accompagner son développement.

Vous pensiez que le dirigeable appartenait au passé ? Détrompez-vous. L’entreprise Flying Whales s’attache à en explorer tout le potentiel. Cette PME innovante conçoit des dirigeables capables de transporter jusqu’à 60 tonnes de marchandises à 3 000 mètres d’altitude dans des zones peu praticables. « Ce projet a été lancé en 2012 dans le cadre d’échanges avec l’Office National des Forêts (ONF). L’Organisation a vu dans le dirigeable une solution pour répondre à la problématique d’accès à certaines ressources naturelles sous-exploitées, situées dans des parties du territoire français difficilement accessibles par camion (Alpes, Corse, Guyane notamment). Par exemple, il permet d’aller chercher des troncs d’arbre sans impact au sol en stationnant dans les airs pour charger et décharger sa cargaison au moyen de câbles,» explique Romain Schalck, Responsable des marchés chez Flying Whales.

Outre la France, le Canada (province de Québec) et la Chine, via son entreprise publique AVIC (Aviation Industry Corporation of China), ont également manifesté leur intérêt en investissant dans le projet. Les dirigeables représentent en effet une solution d’avenir pour des territoires aussi vastes. Au Québec, la filiale Flying Whales Québec a même été créée. Elle aura notamment pour vocation d’élaborer un plan de déploiement opérationnel et commercial sur le territoire canadien et plus largement sur l’ensemble du territoire américain.

Sébastien Bougon

Il était logique de se tourner vers un acteur tel que Air Liquide

Sébastien Bougon

PDG de Flying Whales

En quoi la collaboration avec Air Liquide est importante pour votre projet ?

Notre appareil embarque un volume considérable d’hélium. Il était donc logique de se tourner vers un acteur tel que Air Liquide, incontournable sur ce marché. Les collaborations sont nombreuses : sécurisation de l’approvisionnement en hélium pour nos sites de production, compression et stockage du gaz, etc. Nous avons également besoin des compétences d’Air Liquide en matière d’hydrogène associé à la pile à combustible. Un groupe de travail sur ce sujet s’est d’ailleurs constitué chez Flying Whales.

Comment vos dirigeables vont-ils contribuer à la transition énergétique ?

Ils sont sans empreinte au sol puisqu’ils permettent un transport de point à point, sans infrastructure, et le déchargement/chargement en vol stationnaire. Avec une propulsion hybride et à terme 100 % électrique, ainsi qu'une capacité d’emport très importante en tonnage comme en volumes, ils accélèrent indéniablement la révolution écologique.

Quelles sont vos prochaines échéances ?

Nos premiers appareils devraient voler à horizon 2025, après une phase de certification par l’Agence Européenne de la Sécurité Aérienne. Ils seront assemblés dans une usine installée en région Nouvelle-Aquitaine dont la construction devrait démarrer en 2021/2022. Pour l’instant le développement des différents sous-ensembles composant les dirigeables se poursuit, en collaboration avec un consortium d’industriels partenaires.

Un aéronef aux avantages et usages multiples

Contrairement au camion, le dirigeable n’a pas besoin d’infrastructure étant donné qu’il charge et décharge en vol stationnaire : « Aujourd’hui, on constate que créer des routes, pour acheminer le bois, coûte plus cher que la ressource elle-même. Sans compter l’impact écologique des convois exceptionnels de poids-lourds … », poursuit Romain Schalck.



C’est aussi une alternative à l’hélicoptère qui doit faire plusieurs rotations puisqu'il ne peut transporter que 4 tonnes de marchandises maximum. Outre le bois, les dirigeables de Flying Whales pourront transporter des pâles d’éoliennes ou encore des pylônes électriques, et les livrer directement sur site. Ils permettront également, dans le grand Nord canadien par exemple, d’approvisionner des communautés aujourd’hui isolées.



« Nous sommes soutenus par le gouvernement du Québec qui souhaite installer un véritable écosystème de transport à grande échelle avec un maillage de plusieurs bases pour nos dirigeables » précise Romain Schalk. Système qui pourra être ensuite développé dans des zones insulaires comme l’Indonésie ou la Polynésie française.

De l’hélium et de l’hydrogène pour un transport durable de marchandises

Solution d’avenir, le dirigeable de Flying Whales l’est aussi par son faible impact environnemental. L’appareil, qui fera 154 mètres de long, la taille de deux Airbus A380, 42 mètres de hauteur et 60 mètres de large, consommera 15 fois moins et émettra 15 fois moins de particules qu’un hélicoptère de transport. Autre atout environnemental : il n’a pas besoin d’infrastructure pendant ses opérations (ports, routes, pistes). Les dirigeables utilisent l’hélium, un gaz plus léger que l’air, non inflammable, qui permet de s’extraire de la pesanteur sans consommer d’énergie fossile. « Pour se déplacer, les premiers modèles utiliseront une motorisation hybride électrique pour entraîner les hélices. Notre objectif est d’évoluer rapidement vers le tout électrique, en utilisant, notamment une pile à combustible à hydrogène d’une masse acceptable pour être embarquée dans le dirigeable. C’est l’un des axes de notre partenariat avec Air Liquide ». Les futurs dirigeables de Flying Whales seraient ainsi les premiers aéronefs à intégrer une pile à combustible.

 

Un partenariat plein d'avenir

Grâce à cette collaboration, Air Liquide participe au développement d’une solution unique au monde de transport de marchandises, écologique et innovante. Présent au conseil d’administration de la start-up, ALIAD (Air Liquide Venture Capital) assure en outre la mise en relation de Flying Whales avec les équipes d’Air Liquide Marchés Globaux & Technologies pour coopérer sur les développements technologiques. « Flying Whales est, à l’échelle internationale, un projet très prometteur dans ce domaine avec une équipe très solide », explique Nayla Merheb, Directeur d’Investissement chez ALIAD. « Par ailleurs, nous pouvons mettre en œuvre de nombreuses synergies technologiques avec les projets du Groupe ». Des développements communs sont actuellement envisagés dans trois domaines : le développement de la gestion des gaz de propulsion, de membranes assurant la filtration de l’hélium et potentiellement de piles à combustible.