Digitalisation de l’Assemblée Générale et démocratie actionnariale
Tribune de Benoît Potier
Publié le 10 juillet 2020
3 minutes
L’Institut du Capitalisme Responsable revient dans un magazine spécial sur la saison très particulière des Assemblées Générales 2020. L’occasion pour Benoît Potier de détailler les challenges et les opportunités qui ont accompagné la digitalisation de cet événement si important pour le Groupe et la démocratie actionnariale.
L’Assemblée Générale est un événement important de la vie d’un Groupe. Important par son caractère réglementaire, mais également parce qu’il constitue “le” temps fort de la démocratie actionnariale. En tant que dirigeant, j’y suis très attaché. Chaque année, l’Assemblée Générale est l’occasion d’échanges sincères et authentiques avec nos actionnaires, et c’est à chaque fois une occasion de mesurer précisément leurs attentes, leurs questions et de partager une vision commune de la stratégie et des perspectives du Groupe.
Le contexte sanitaire a cette année fortement perturbé ce moment clé. Certaines Assemblées ont été reportées, d’autres se sont tenues à huis clos. C’est le choix que nous avons fait, chez Air Liquide. Il n’était pas question pour nous de proposer une expérience “dégradée”, ni de renoncer au dialogue et à la proximité auxquels nous sommes si attachés et qu’il est plus que jamais essentiel de préserver en temps de crise. Nous avons donc réinventé cet exercice, pourtant très “rodé”, avec une ambition forte : faire participer massivement nos actionnaires dans ce contexte de distanciation physique. Bien sûr, nous avons dû faire face à certains obstacles juridiques et techniques compte tenu du caractère inédit de la situation, mais je crois que cela nous a aussi permis d’être audacieux et d’innover encore davantage que nous ne l’aurions fait en temps normal.
Nous avons ainsi adapté le format de l’Assemblée pour qu’elle corresponde aux usages du digital, en réduisant notamment la durée de l’événement. Nous avons également tenu à maintenir une session de questions/réponses. Les actionnaires ont ainsi eu la possibilité de nous adresser toutes leurs questions via une plateforme dédiée dès la semaine précédant l’Assemblée, et force est de constater que le digital ne les a pas freinés ! Nous avons collecté plus de 350 questions – un nombre bien plus conséquent que lors d’une Assemblée “standard” – et y avons retrouvé leur franc-parler et leur intérêt pour des sujets très divers et parfois très techniques en lien avec nos activités. Le jour J, j’ai répondu pendant près de trois quarts d’heure aux questions les plus fréquemment posées ; ces questions étaient relayées par une journaliste indépendante qui était – en quelque sorte – la porte-parole des actionnaires.
Avec plus de 2 500 personnes connectées en direct, nos actionnaires ont été au rendez-vous. Ce qui prouve bien que le digital peut constituer un formidable levier pour développer et enrichir la démocratie actionnariale. Je souhaite évidemment que cette Assemblée 2020 demeure unique par son format, et j’espère pouvoir retrouver très prochainement nos actionnaires en face à face. Rien ne remplace l’échange direct, mais j’ai la conviction que cette édition nous aura permis d’explorer de nouveaux territoires et qu’elle a de façon certaine ouvert de nouvelles perspectives pour la démocratie actionnariale.
Benoît Potier
Président-Directeur Général d’Air Liquide