Aller au contenu principal

Lutter contre la précarité par l’insertion professionnelle

L’engagement de la Fondation Air Liquide avec ARES

Publié le 17 septembre 2020

6 minutes

La France compte aujourd’hui environ neuf millions de personnes en situation de précarité1, dont près d’un million de jeunes de 16 à 25 ans sans emploi, formation ou études2. Pour lutter contre cela, l’insertion professionnelle est un axe de travail prioritaire où tout se joue au niveau local, au plus près des populations les plus fragiles. C’est ce qu’a bien compris l’association ARES, qui oeuvre à cette insertion et dont l’action est soutenue par la Fondation Air Liquide depuis 2019 et pour trois ans. Lumière sur ce partenariat avec Marie Yen, directrice de l’excellence opérationnelle chez ARES, et Joël André, collaborateur d’Air Liquide détaché à plein temps auprès d’ARES en mécénat de compétences.

Comment est née l’association ARES ?

Marie Yen  ARES a été créée en 1991 par Patrice Leroy, alors directeur à la SNCF, Philippe Crouzet, membre du Conseil d’État, et Patrick Gagnaire, travailleur social. Ils souhaitaient tous les trois redonner confiance et dignité par le travail aux personnes sans domicile fixe du quartier des gares de l’Est et du Nord à Paris. En presque 30 ans, l’association s’est développée pour élargir son action à toutes les populations en situation d’exclusion dans quelques zones clés du territoire, mais toujours selon les principes de l’insertion par l’activité économique.

Quelle est la vocation d’ARES ? Quelles sont ses actions ? 

M. Y.  ARES a la conviction que “nul n’est inemployable”. Pour le prouver, nous signons des contrats avec des entreprises pour la réalisation de missions très variées, dans des secteurs tels que le BTP, la logistique, mais aussi le recyclage ou le numérique. Ces missions sont effectuées par des salariés que nous embauchons directement chez ARES via des contrats à durée déterminée d’insertion (CDDI). Aujourd’hui, nous accompagnons de cette manière l’insertion de plus de 1 000 personnes, principalement en Île-de-France, ce qui leur permet à la fois d’accéder au monde du travail, mais aussi de bénéficier d’un accompagnement social pour gérer au mieux leur vie quotidienne et agir sur les facteurs qui ont entraîné la précarisation. Cette double dimension est très importante et implique que ces personnes soient volontaires et particulièrement impliquées. Pour nous, la motivation est le seul critère d’embauche. 

Joël André  De mon côté, je ne connaissais pas l’association avant de la rejoindre en mécénat de compétences en 2020. Ce qui m’a immédiatement marqué, c’est que ces personnes qu’ARES embauche ont souvent eu un parcours très compliqué : ce sont d’anciens détenus, des personnes qui souffrent d’addictions, des sans domicile fixe… Mais grâce à tout cet accompagnement, près de 2/3 d’entre elles parviennent à se réinsérer durablement dans la société. C’est remarquable ! Pour moi, c’est une source de motivation considérable au quotidien : nous agissons pour changer “concrètement” la vie des gens.

Pourquoi la Fondation Air Liquide soutient-elle ARES ? Et comment ?

M. Y. – Quand nous nous sommes rencontrés avec les responsables de la Fondation Air Liquide pour étudier un projet de partenariat, il était clair que le projet social d’ARES correspondait à leur volonté de soutenir le développement local, notamment via l’aide à l’insertion professionnelle. Les enjeux liés à la sécurité sont rapidement ressortis des échanges comme un point de convergence. En effet, nous accueillons en permanence de nouveaux arrivants, le taux d’accident est donc malheureusement élevé. Notre devoir est de constamment veiller à sensibiliser aux risques professionnels. Je dirais même que la sécurité est un savoir-être essentiel pour une insertion durable dans le monde professionnel, notamment sur les métiers à dominante technique. Or, les bons gestes et la capacité à prévenir les dangers, cela s’apprend. Et c’est là-dessus en particulier que Joël nous accompagne.

J. A.  Oui, nous avons co-construit un projet pour développer une culture sécurité, qui reprend les principes de la politique « Objectif zéro accident » qui existe chez Air Liquide. Cette culture m’a fortement marqué durant toute ma carrière chez Air Liquide, et notamment lorsque j’étais Directeur de la Sécurité de la filiale française industrielle. Quand j’ai souhaité me mettre au service d’un projet associatif par le biais d’un mécénat de compétences, la Fondation Air Liquide m’a tout de suite mis en contact avec ARES afin de les accompagner sur cette problématique de la sécurité en milieu professionnel. La Fondation accompagne donc l’association à 2 niveaux : avec une donation de 225 000 euros sur trois ans, mais aussi avec ce mécénat de compétences. Et cette forme de mécénat est un aspect très important pour moi comme pour la Fondation : le soutien financier, si important soit-il, n’est pas le seul moyen d’aider. Partager du temps et des compétences fait aussi beaucoup !

Concrètement, comment mettez-vous en œuvre cette “culture sécurité” ?

J. A. – Tout l’enjeu est de transmettre les bons réflexes à des personnes qui ne vont rester qu’un à deux ans chez ARES. Pour y arriver, nous avons identifié trois niveaux d’intervention. D’abord, poser les bases en analysant de manière exhaustive les risques, les processus et bonnes pratiques formalisées dans le Document Unique d’Évaluation des Risques. Ensuite, mener un gros travail de sensibilisation auprès de tous, y compris la hiérarchie, pour nous assurer de la diffusion de ces bonnes pratiques. Enfin, suivre de très près les accidents qui surviennent pour capitaliser sur chaque expérience et ainsi faire en sorte qu’ils ne se reproduisent pas.

M. Y.  La difficulté, c’est d’adapter cette culture sécurité à l’ADN et aux spécificités d’ARES : nos salariés opèrent dans une multitude de secteurs d’activité, avec des cultures et des risques différents, mais ce sont aussi des gens aux profils variés, tous éloignés de l’emploi, avec des problèmes personnels parfois très importants. 

Comment la pandémie de Covid-19 a-t-elle impacté l’activité, les personnes accompagnées et l’organisation d’ARES ?

J. A.  La période a clairement mis le sujet de la santé, et donc de la sécurité, en tête des priorités ! Comme partout, l’apparition de la pandémie a été difficile d’un point de vue humain et économique mais nous avons rapidement pu mettre en place des plans de continuité d’activité sur chacun des sites. Cela a permis de maintenir l’emploi, même réduit, tout en minimisant les risques.

M. Y.  Oui, les gens se sont progressivement appropriés de nouveaux outils et méthodes. Cela a rendu concrets pour tout le monde les risques et le besoin de respecter des règles sanitaires et sécuritaires. L’expertise de Joël nous a vraiment permis de rebondir face à cette crise. Nous souhaitons d’ailleurs nous appuyer sur cette dynamique pour aller plus loin et créer des postes de chefs d’équipes entièrement dédiés à la sécurité.

Pour conclure, si vous deviez qualifier la Fondation Air Liquide en 2 mots, que diriez-vous ?

M. Y. – Sérieux et engagement.

J. A. – Engagement sociétal.

Crédits photo : Thibaut Deligey / ARES

Découvrez plus d'histoires

  • Le biométhane : une énergie prometteuse

    Lire la suite
  • Play video

    Des étudiants découvrent Air Liquide - Come & See