Hydrogène renouvelable : le futur de la filière se construit en Normand’Hy
Publié le 30 mars 2023
6 minutes
« C’est ici que sortira de terre le plus grand électrolyseur au monde d’Air Liquide, dont la mise en service est prévue en 2025 », nous indique Rahim Salemkour, Directeur de projet. Nous sommes à Port-Jérôme, petite ville du bassin normand, qui vit au rythme des industries qui s’y développent.
Face à nous, les engins de chantier s’activent sur le terrain qui accueillera la nouvelle unité de production d'hydrogène renouvelable du Groupe. « Air Liquide Normand’Hy est un électrolyseur à grande échelle, d’une capacité initiale de 200 mégawatts », soit l’équivalent de la consommation moyenne d’électricité de plus de 235 000 foyers français sur une année. « Nous pourrons y produire jusqu'à 28 000 tonnes d'hydrogène par an grâce à l'électrolyse de l’eau, poursuit Rahim. C’est une technique de production qui utilise l'électricité pour casser les molécules d’eau purifiées en amont, afin de séparer l'hydrogène de l'oxygène. »
Air Liquide Normand’Hy est la pierre angulaire du projet de décarbonation du bassin industriel normand que le Groupe met en place aux côtés d’acteurs industriels majeurs présents dans la région. L’intérêt du projet est tel qu’il est d’ailleurs soutenu par l’État français dans le cadre d’un projet important d'intérêt commun européen1.
« Pour permettre cette production d'hydrogène renouvelable à grande échelle, le Groupe s’est associé à Siemens Energy, dans le cadre d’une coentreprise dans laquelle nous mettons en commun nos expertises et technologies en matière d'électrolyse à membrane échangeuse de protons (PEM), dans le but de développer des électrolyseurs de grande capacité », précise Rahim. Ce partenariat franco-allemand est déterminant pour le développement d’une filière hydrogène européenne dont Air Liquide est un fer de lance.
Et si Air Liquide a choisi d’implanter ce nouvel électrolyseur à Port-Jérôme, c’est parce qu’il s’agit d’un bassin stratégique pour le Groupe. « Nous sommes présents ici depuis les années 1970, nous y avons déployé de nombreuses technologies », nous explique Mathieu Cavélius, Ingénieur de développement. Au fil du temps, le Groupe a renforcé son ancrage en y développant un réseau de canalisations et des partenariats de longue date avec les grands raffineurs de la région. En effet, l'hydrogène qui leur est fourni sert à désulfurer les carburants.
« Il était évident que nous allions continuer à déployer de nouvelles technologies dans ce bassin industriel », poursuit Mathieu. Port-Jérôme accueille déjà la plus grande unité de production d'hydrogène par vaporeformage de gaz naturel2 opérée par Air Liquide en France, à quelques kilomètres du site d’Air Liquide Normand’Hy.
En 2015, le Groupe y installe sa technologie Cryocap™, capable de capter par cryogénie jusqu’à 98 % du CO₂ émis lors de la production d’hydrogène : une première mondiale. Grâce à Cryocap™, Air Liquide a ouvert de nouvelles perspectives en matière de captage et de réduction des émissions de carbone sur ses sites et ceux de ses clients. « Aujourd’hui, nous voyons plus grand et plus loin avec la construction de cet électrolyseur XXL », nous rappelle Rahim. Et le principal enjeu réside dans l’origine de l’électricité qui l’alimente. « Celle que nous utiliserons proviendra d’éoliennes et de fermes photovoltaïques situées à proximité du site. C’est pour cela que l’on parle d’hydrogène renouvelable. Il n’y aura aucune émission de CO₂ lors du processus de production », précise Rahim. Ce sont jusqu’à 250 000 tonnes de CO₂ par an qui seront ainsi évitées, l’équivalent des émissions d’une ville française de 25 000 habitants3.
En aval, Air Liquide Normand’Hy sera connecté à l’écosystème industriel de la région. L’hydrogène sera ainsi directement distribué aux industriels du bassin. « Nous poursuivrons notre collaboration avec les entreprises de raffinage, de pétrochimie et de chimie qui ont besoin d’hydrogène pour leur production. Aujourd’hui, avec les enjeux climatiques que l’on connaît, il s’agit de remplacer progressivement l’hydrogène que nous fournissons déjà par de l’hydrogène renouvelable capable de réduire l’empreinte carbone des industriels », précise Mathieu. Cet hydrogène servira également à décarboner la mobilité lourde, à commencer par les poids lourds qui transitent par la zone industrielle, suivis par les bus et les véhicules utilitaires de la région. Si l’hydrogène produit sur le site d’Air Liquide Normand’Hy est renouvelable, c’est tout le projet qui s’inscrit dans une démarche environnementale.
C’est ce que nous explique Liliane Herculano, Cheffe de projet, qui intervient sur les aspects réglementaires. « Par sa taille, le projet a été soumis à une évaluation environnementale. Nous avons mené une étude d’impact faune et flore pendant une année, qui représente un cycle complet de vie, avec un ingénieur écologue. » Celle-ci a permis à Air Liquide d’adapter ce projet tant sur le plan de sa conception qu'au niveau de sa construction et de son exploitation. « Un exemple simple : nous avons décidé de réaliser le terrassement du site entre septembre et octobre 2022, une époque de l’année durant laquelle les animaux ne sont ni en hibernation ni en période de reproduction », détaille Liliane.
Pour Normand’Hy, Air Liquide s’est employé à préserver l’environnement et à soutenir le territoire dans sa globalité. En effet, ce projet participera au développement économique de la région et la dotera d’un savoir-faire unique dans la production d’hydrogène à travers, notamment, la « H2 Academy », un programme qui vise à offrir aux jeunes générations une formation supérieure aux nouveaux métiers de l’hydrogène.
Accélérer le développement de l’hydrogène renouvelable et bas carbone à l’échelle mondiale : tel est l’objectif d’Air Liquide, qui a décidé d’y investir au moins huit milliards d’euros d’ici 2035. Le projet Normand’Hy est emblématique de cette ambition !