Mobilité hydrogène pour les poids-lourds : Air Liquide et Faurecia collaborent sur la solution liquide
Publié le 14 septembre 2022
5 minutes
Autonomie de 1 000 km, capacité de stockage optimisée, technologie maîtrisée et développable sous 5 ans… La solution du réservoir d’hydrogène liquide s’avère pertinente pour une mobilité lourde décarbonée et performante. Découvrez les défis rencontrés par les équipes d’Air Liquide et Faurecia pour mettre au point cette technologie.
Air Liquide associe son expertise à celle de l’équipementier automobile mondial Faurecia, société du Groupe FORVIA, afin d’accélérer le développement de l’hydrogène liquide dans le secteur de la mobilité lourde. L’objectif : décarboner les flottes de poids lourds, tout en conservant leur autonomie, grâce à un réservoir d’hydrogène liquide, le choix technologique le plus pertinent à date.
L’hydrogène liquide, une solution clé pour le transport longue distance
Concevoir une nouvelle génération de réservoirs hydrogène
Faurecia considère la technologie de réservoir cryogénique à hydrogène liquide transférable du stationnaire vers le monde automobile. « Nous connaissons les exigences de ce secteur et sommes bien placés pour y répondre, » explique Julien Hergott, Ingénieur R&D Expert Systèmes Thermodynamique chez Faurecia. « Je soulignerais le besoin d’une isolation extrêmement performante des réservoirs, l’intégration mécanique à l’épreuve de la route, et une conception de réservoirs permettant une production en série à coûts maîtrisés ». Fort de son expérience avec les constructeurs automobiles, Faurecia peut d’ores et déjà proposer une solution technologique adaptée et anticiper leurs besoins. Côté Air Liquide, l’enjeu premier est de mettre en place une chaîne d’approvisionnement en hydrogène intégralement sous forme liquide. Pour Guillaume Petitpas, « cela nécessite de mettre en place une interface entre les stations et les véhicules permettant une recharge rapide et sécurisée en hydrogène. Et nous devons tenir notre planning en parallèle du développement des réservoirs. » Actuellement au stade de prototype, cette chaîne de distribution est actuellement en test. Elle sera développée dès 2025 puis déployée en 2027, lors de la mise sur le marché des réservoirs.
Pourquoi le partenariat Air Liquide & Faurecia fonctionne
Des experts aux forces complémentaires
Pour Air Liquide comme pour Faurecia, aider les clients à décarboner leurs flottes est une priorité. C’est pourquoi les forces mobilisées sont diversifiées pour mettre au point ces réservoirs de pointe dans les meilleurs délais. Côté Faurecia, on trouve des experts maîtrisant les standards et les réglementations du secteur automobile, l’optimisation de systèmes complexes, et le design des produits ou les processus de fabrication, permettant ainsi de rendre accessible cette technologie au secteur de la mobilité. Des équipes de simulation 3D visualisent tous les aspects mécaniques, thermiques et fluidiques en jeu.
Les experts d’Air Liquide apportent quant à eux leur fine connaissance de la liquéfaction de l’hydrogène, notamment leur maîtrise des codes et des standards spécifiques à cette molécule et à sa chaîne de valeur (production, stockage, distribution…), un enjeu majeur pour réussir à déployer une filière d’approvisionnement en hydrogène liquide pour les véhicules lourds. Leurs compétences en matière d’isolation, développées dans le cadre du programme Ariane pour les réservoirs de fusées, sont elles aussi un véritable atout.
sLH2 ou CcH2 ?
Le stockage d'hydrogène sous forme cryogénique permet d'augmenter sa densité, par rapport à un stockage à température ambiante, et donc la capacité du réservoir. Le défi principal de la technologie se situe au niveau de l'isolation thermique du réservoir pour limiter le réchauffement du liquide, à - 253° C, qui entraîne une augmentation de pression et, en conséquence, une perte de molécules si le véhicule est garé pendant une longue durée. Outre une meilleure isolation thermique, une façon de réduire/éliminer ces pertes consistent à augmenter la pression du stockage : ce sont les solutions sLH2 (hydrogène sous-refroidi avec une pression maximale d’environ 20 bar), qui est celle privilégiée aujourd’hui, et CcH2 (hydrogène cryo-comprimé avec une pression allant jusqu'à 350 ou 400 bar). Si la seconde solution permet in fine une réduction importante de la perte de molécules grâce à une pression très élevée, elle est plus coûteuse et plus longue à développer. Le sLH2, en revanche, offre un bon compromis en termes de rapport performance-utilisation, de coût utilisateur et de délai de commercialisation.