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L’actionnaire : cet acteur clé du développement des entreprises

Publié le 02 mai 2019

5 minutes

L’actionnariat individuel est au cœur de l’ADN du Groupe depuis sa création en 1902, et Air Liquide est engagé depuis de nombreuses années pour en faire la promotion. Cela passe notamment par des actions menées avec l’ANSA (Association Nationale des Sociétés par Actions), dont Air Liquide est membre.

Interview croisée de Muriel de Szilbereky, déléguée générale de l’ANSA, et de Patrick Renard, Directeur du Service actionnaires d’Air Liquide

Muriel De Szilbereky - Patrick Renard

Pourquoi l’actionnaire individuel est-il clé pour l’entreprise ?

Muriel de Szilbereky, déléguée générale de l’ANSA : Les épargnants placent généralement leur épargne avec un horizon long terme. En parallèle, nous estimons que le renforcement des fonds propres des entreprises est indispensable car il n’est pas sain qu’elles financent leur croissance uniquement par l’endettement. Pour que cette épargne puisse répondre à ce besoin des entreprises, l’ANSA promeut activement un cadre juridique et fiscal stable et propice au développement de l’actionnariat individuel. Cela nous semble essentiel pour une croissance durable des entreprises en France et en Europe. Les actionnaires individuels représentent un solide soutien pour la conduite de la stratégie de l’entreprise, si celle-ci leur inspire confiance.



Patrick Renard, Directeur du Service actionnaires d’Air Liquide : Cet actionnariat est en effet capital pour que l’entreprise puisse mener en toute indépendance sa stratégie de long terme. C’est particulièrement vrai pour Air Liquide qui a toujours œuvré pour conserver une part d’actionnaires individuels forte, comme le prouvent les 32 % du capital qu’ils détiennent, ou le fait que 64 % de nos actionnaires détiennent leurs actions depuis plus de dix ans.



En visant une croissance rentable, régulière et responsable sur le long terme, nous répondons à leur objectif de croissance régulière de leur portefeuille.

« Le PEA Jeunes prévu dans le projet de loi Pacte est un très bon vecteur de pédagogie économique. »

M.de Szilbereky

Comment évolue cet actionnariat ?

Muriel de Szilbereky : L’AMF a observé ces deux dernières années une légère remontée du nombre d’actionnaires individuels en France.



La position des pouvoirs publics en faveur de l’investissement en actions, ainsi que l’évolution récente de la fiscalité, ont certainement contribué à ce changement de tendance. Mais il faut souligner qu’il concerne très peu les jeunes générations, lesquelles demeurent largement sous-représentées au sein de l’actionnariat individuel français.



Patrick Renard : En effet, et réussir à toucher ces jeunes générations est une préoccupation forte du Service actionnaires d’Air Liquide. C’est pourquoi nous menons de grandes études à l’échelle nationale pour mieux comprendre leurs freins mais aussi leurs attentes. Les conclusions de notre dernière étude publiée fin 2018 sont d’ailleurs particulièrement instructives. Ces générations épargnent au moins autant que leurs aînés et pour des objectifs de moyen terme (acquisition du premier logement) et surtout de long terme (se constituer un patrimoine pour préparer l’avenir des enfants et même la retraite), mais elles investissent pour autant dans des produits de court terme peu rentables. C’est tout à fait paradoxal. Savez-vous qu’il faut 93 ans pour doubler son capital au taux de 0,75 % du Livret A et 139 ans au taux de 0,5 % du Compte Épargne Logement ? Et encore ceci est-il très théorique puisqu’en parallèle l’inflation évolue plus rapidement.



Muriel de Szilbereky : Tout à fait, les études montrent régulièrement que les actions sont l’investissement le plus rentable sur le long terme. Il ressort ainsi d’une récente enquête de l’AMF qu’en moyenne, les placements en actions sur 20 ans procurent un rendement nominal (taux intégrant l’inflation) largement positif. Si les actions constituent un placement risqué et volatil, c’est sur le moyen et long terme que doit s’apprécier leur rendement.



On touche là directement au problème de la méconnaissance par les Français de l’économie et des modes de financement des entreprises.

« Réussir à toucher les jeunes générations est une préoccupation forte du Service actionnaires. »

P. Renard

Comment dans ce contexte attirer les jeunes vers l’investissement en actions ?

Muriel de Szilbereky : Il faut sensibiliser les plus jeunes au contexte démographique qui implique que chacun commence à préparer son avenir financier dès son entrée dans la vie active. Mais il faut aussi que les entreprises se mobilisent… En informant ces jeunes générations régulièrement et de façon pédagogique, et en les accompagnant dans leur découverte de l’épargne en actions. Ce travail était autrefois assuré par les réseaux de distribution bancaires qui ont considérablement réduit leur implication dans la promotion des titres vifs comme le montrent les « enquêtes mystères » de l’AMF. Il y a également un effort à réaliser en matière de produits et services proposés : le PEA Jeunes prévu dans le projet de loi Pacte, pour lequel l’ANSA a milité sans relâche ces derniers mois, est un très bon vecteur de pédagogie économique pour les jeunes Français et est susceptible de relancer la demande du « produit actions ». Enfin, il me semble que les nouveaux modes de levée du capital popularisés par le crowdfunding doivent nous inspirer et nous pousser à innover pour nous adresser à ces jeunes générations.



Patrick Renard : Nous sommes tout à fait convaincus chez Air Liquide qu’il est nécessaire d’activer plusieurs leviers pour convaincre les 25-40 ans. Effectivement l’éducation et l’accompagnement, que vous venez de mentionner. Mais il est aussi bien sûr nécessaire d’évoquer avec eux la performance financière de leur placement sur le long terme, ainsi que le « sens » apporté par l’entreprise au travers de ses contributions sociétales : préservation de l’environnement, lutte contre le réchauffement climatique, dialogue avec les parties prenantes... À nous de communiquer différemment avec ces jeunes générations, et de leur montrer qu’elles peuvent prendre part, à travers un placement financier, à une aventure humaine et technologique rentable et durable.

 

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