Émission obligataire verte : décryptage de Jérôme Pelletan, Directeur financier d’Air Liquide
Publié le 28 juin 2024
4 minutes
Air Liquide a réalisé avec succès sa deuxième émission obligataire verte pour financer des projets emblématiques dans la transition énergétique et le développement durable, en particulier dans les domaines de l'hydrogène bas carbone, du captage de CO2 et des gaz de l’air bas carbone. Le Groupe étant désormais un émetteur régulier d’obligations vertes, Jérôme Pelletan, Directeur Financier, membre du Comité Exécutif d'Air Liquide, revient sur cet outil financier et son rôle dans le développement du Groupe.
Air Liquide procède régulièrement à des émissions obligataires. A quoi servent-elles?
Tout d’abord, rappelons que les obligations sont l’un des trois principaux outils financiers qu’Air Liquide utilise pour financer son développement à long terme. Le plus exceptionnel de ces outils est celui de l’augmentation de capital. Nous y avons eu recours en 2016 pour refinancer en partie la plus grande acquisition jamais réalisée par le Groupe, celle d’Airgas aux Etats-Unis pour 13,4 milliards de dollars. Ce genre d’opération reste cependant très rare et elle était dans ce cas liée à une opportunité historique pour le Groupe.
En temps normal, les deux principaux outils de financement de la croissance à long terme d’Air Liquide sont l'émission d'obligations ou l'emprunt bancaire. Dans ce deuxième cas, le Groupe emprunte directement auprès de ses banques dans les pays où il opère. Chez Air Liquide, ce mode de financement reste assez faible. L’essentiel de la dette à long terme du Groupe est levée sur les marchés financiers, via des émissions obligataires. Une obligation est une part de cette dette ; elle donne lieu au paiement d’intérêts annuels et au remboursement du capital à échéance. Elle est émise auprès d’un grand nombre d’investisseurs institutionnels, tels que des gestionnaires de fonds, des compagnies d’assurance et des banques publiques ou privées. L’émission d’obligations permet de diversifier au maximum nos sources de financement et donc de limiter les risques.
Qu’est-ce qui distingue une obligation verte d’une obligation classique?
Émettre une obligation verte, c’est très concrètement s’engager à utiliser les sommes empruntées pour financer des grands projets dans la transition énergétique et le développement durable. Pour ce qui est des 500 millions d’euros que nous avons levés dans le cadre de l’obligation verte réalisée en mai, ils serviront notamment à financer des projets dans les domaines de l'hydrogène bas carbone, du captage de CO2 et des gaz de l’air bas carbone. Pour aider les investisseurs à mieux comprendre le type de projets qu’Air Liquide prévoit de financer, le Groupe publie avant le lancement de l’opération un document dédié (appelé “framework”). Celui-ci présente la nature précise des projets qui seront financés par ces obligations vertes et est consultable en anglais sur le site Internet du Groupe.
Je souligne que l’obligation verte lancée en mai a été un grand succès, en particulier dans la mesure où la demande a été très supérieure à l’offre. Elle nous a permis de bénéficier de conditions financières très compétitives, ce qui témoigne de la confiance des investisseurs dans la capacité d’Air Liquide à rembourser son emprunt, à développer des technologies et des projets pionniers contribuant à la décarbonation de nos activités tout en aidant nos clients à réduire leur empreinte carbone. Et comme il s’agit également de la deuxième obligation verte que nous lançons, après celle de 2021, cela confirme également notre volonté de devenir un émetteur régulier d’émissions vertes, pour financer nos nombreux projets dans la transition énergétique et le développement durable.
S’endetter pour financer sa croissance, que ce soit auprès des banques ou des investisseurs, n’est-ce pas risqué ?
Non, toutes les grandes entreprises empruntent sur les marchés financiers pour financer leur développement. En particulier les entreprises comme la nôtre, qui développent des projets nécessitant d’importants investissements, de plusieurs millions voire centaines de millions d’euros. L’important est de toujours décider des investissements dont la rentabilité est supérieure au coût de nos ressources financières.
Il faut aussi maîtriser le niveau de la dette, en s’assurant d’avoir la capacité de la rembourser. Et c’est le cas de notre Groupe ! Notre bilan financier est particulièrement solide avec une dette nette à son plus bas niveau depuis l’acquisition d’Airgas. A titre indicatif, notre “gearing” (ou ratio d’endettement), un indicateur de référence qui rapporte la dette nette du Groupe à ses capitaux propres, est seulement de 37 % à la fin de l’année 2023, contre 90 % juste après l’acquisition d’Airgas et même 57 % juste avant. Notre dette est très diversifiée en termes d’échéances et de devises. Enfin, le Groupe a les moyens de rembourser cette dette car il dégage d’importants flux de trésorerie et nous ne cessons de les renforcer. J’ajoute que nos investissements les plus élevés, notamment en Grande Industrie, sont adossés à des contrats de très long terme, une des clefs de la solidité du modèle économique d’Air Liquide.
Cette solidité est largement reconnue par les marchés. Cela se voit non seulement dans le succès de nos levées de fonds sur les marchés financiers, mais également dans la qualité des notes que nous attribuent les trois agences spécialisées de notation de crédit qui nous suivent : Standard & Poor’s, Moody’s et Scope Ratings. Ces agences, qui aident les investisseurs à mieux évaluer l'intérêt et/ou le risque d'acheter des obligations Air Liquide, nous classent parmi les émetteurs d’obligations de catégorie “A”, qui est parmi les plus élevées. Preuve que les marchés financiers ont confiance en notre Groupe.
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