Vers une industrie du verre à faibles émissions
Publié le 20 avril 2023
4 minutes
Une rangée de bouteilles d’eau au milieu de la table : c’est la première chose qui se voit lorsque nous entrons dans la salle de réunion de l’usine de verre de Verallia à Pescia (Italie).
Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que notre hôte, Andrea Cendron, Directeur Technique de Verallia Italie, nous invite à nous servir. « Nous ne risquons pas d’en manquer », ajoute-t-il en souriant.
Avec 34 usines qui produisent plus de 16 milliards de contenants et bouteilles chaque année, Verallia est le troisième plus grand fabricant au monde d’emballages en verre pour les boissons et les produits alimentaires. Un tour de l’usine avec un crochet par le four a de quoi nous donner soif.
« Le verre s’obtient en faisant fondre un mélange de silice, présente dans le sable, ou encore du verre recyclé. Ce qui nécessite des températures très élevées, d’environ 1 500 °C », explique Andrea. À titre de comparaison, l’or fond à un peu plus de 1 000 °C et le plomb est déjà liquide à 300 °C. « Avec un processus de production aussi énergivore, notre principal défi est de réduire nos émissions de carbone. »
« C’est là qu’Air Liquide intervient », explique Alessandro Pallotti, Responsable Grands Comptes et Développement commercial chez Air Liquide Italie. « Fin 2021, Verallia a annoncé des objectifs de développement durable ambitieux et nous avons pu leur proposer une solution spécifiquement adaptée au marché du verre. Ici, à Pescia, nous allons associer notre nouvelle unité de production d’oxygène sur site de nouvelle génération, qui sera 10 % plus économe en énergie que la génération précédente, avec notre technologie HeatOxTM, qui récupérera la chaleur résiduelle des fours pour économiser jusqu’à 20 % de l’énergie nécessaire au procédé de fusion du verre. Résultat : une réduction de 18 % des émissions de CO2. La solution permettra également d’éviter jusqu’à 90 % des émissions de monoxyde d’azote qui, à concentration élevée, peuvent être nocives pour la santé. »
Séparer l’oxygène de l’air nécessite également de l’énergie. « Mais notre nouvelle unité de production d’oxygène sur site est bien plus efficace que les systèmes actuels, poursuit-il, elle permet de réduire à la fois notre consommation d’énergie et les émissions de carbone associées. Et en produisant de l’oxygène plus pur, elle diminue encore davantage les émissions de monoxyde d’azote. »
« En parallèle, notre technologie propriétaire HeatOxTM récupère la chaleur des fumées émises par le four pour préchauffer le gaz naturel et l’oxygène qui l’alimentent. Ils doivent être à environ 500 °C à leur entrée dans le four. Grâce à la réutilisation de la chaleur, nous avons besoin de moins d’énergie pour atteindre la température requise », précise Alessandro.
Selon Andrea, ces technologies changent véritablement la donne : « En introduisant de l’oxygène pur comme oxydant dans notre procédé de production et en utilisant HeatOxTM pour récupérer la chaleur des gaz de combustion, nous améliorerons considérablement nos performances en matière d’émissions par rapport à un four classique. » La solution d’Air Liquide combinant oxycombustion et récupération de la chaleur devrait être mise en service à Pescia début 2024, et le projet est déjà bien avancé.
« Pour nous, verriers, une stratégie de long terme et la continuité de l’approvisionnement sont absolument essentielles, » souligne Andrea.« Chaque nouveau four mis en service fonctionnera en continu, jour et nuit, pendant toute sa durée de vie, soit environ 15 ans. Si nous devions un jour l’éteindre, la remise en service serait complexe à gérer. »
« Nous avons noué des liens solides à tous les niveaux, conclut Andrea, et nous savons que nous pouvons compter sur Air Liquide pour nous accompagner dans la recherche des meilleures solutions pour réduire nos émissions. » La contribution d’Air Liquide aux objectifs de développement durable de Verallia en Italie n’est qu’un début. Le Groupe travaille également avec Verallia sur la modernisation de ses fours au Brésil. En parallèle et avec un autre partenaire, Air Liquide a effectué des premiers tests en utilisant de l’hydrogène à la place du gaz naturel, la prochaine étape vers la neutralité carbone de l’industrie du verre. « Mais avant de parler d’H2, plaisante Andrea, laissez-moi déjà vous resservir un peu d’H2O. »