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Les humains derrière la conduite autonome

Publié le 17 décembre 2021

5 minutes

Les voitures autonomes ont longtemps été considérées comme le Saint Graal du développement automobile. Pourtant, malgré les progrès considérables de la conduite autonome ces dernières années et la création de prototypes totalement fonctionnels, il reste du chemin à parcourir pour parvenir à des véhicules qui ne nécessitent aucune intervention humaine. Les clients d’Air Liquide de l’industrie des semi-conducteurs peuvent néanmoins se réjouir de l'arrivée de la voiture partiellement autonome.

Le rôle de Benjamin Jurcik, Directeur de la technologie, en charge de l’activité Électronique d’Air Liquide, est de suivre de près les évolutions technologiques. Chaque jour, il scrute les articles et les communiqués de presse souvent très ambitieux sur la conduite autonome. « A la question "Existe-il des voitures sans conducteur ?" La réponse est oui, il existe des véhicules d’essai sans conducteur à bord, mais ils sont toujours surveillés depuis une salle de contrôle. Donc par un humain. Visuellement, elles ont l’air autonomes, mais ne le sont pas vraiment ». Alors, à quand la voiture parfaitement autonome ? « D’ici cinq ou dix ans probablement. Pas avant ».

Pourtant, cela n’empêche pas Jurcik d'étudier le transport intelligent. « ll n’y aura pas de changement radical entre le type de véhicules que nous utilisons aujourd'hui et les voitures 100 % autonomes. Mais il existe toutes sortes de fonctions d’aide à la conduite déjà opérationnelles qui offrent des avantages en termes de sécurité et de confort. Leur nombre et leurs capacités augmenteront dans les années à venir dans le cadre de l’évolution vers le transport autonome. »

Benjamin Jurcik cite par exemple le régulateur de vitesse et l’aide au stationnement comme deux des fonctions les plus répandues. Les véhicules sont également de plus en plus connectés, condition sine qua none à la conduite autonome. « Un véhicule autonome doit communiquer à la fois avec d’autres véhicules et avec les infrastructures environnantes », explique Benjamin Jurcik. Le marché des voitures connectées était déjà estimé à 53,9 milliards de dollars en 2020. Il devrait atteindre 166 milliards de dollars d’ici 2025. Cette montée en flèche montre la vitesse à laquelle les éléments constitutifs de la conduite autonome se développent.

Qu'entend-on par voiture autonome ?

On emploie l'expression “conduite autonome” pour désigner des véhicules qui ne requièrent pas l'intervention du conducteur pour fonctionner. La norme J3016 définit 6 niveaux de conduite entre la voiture non automatisée et la voiture 100 % autonome.

  • Niveau 0 : Aucune automatisation
  • Niveau 1 : Aide à la conduite
  • Niveau 2 : Automatisation partielle
  • Niveau 3 : Automatisation conditionnelle
  • Niveau 4 : Automatisation élevée
  • Niveau 5 : Automatisation complète

Certains véhicules de production en série, à la pointe de la technologie, sont considérés comme étant au seuil du niveau 3.

« Cependant, les éléments essentiels à la conduite autonome ne dépendent pas seulement du parc automobile », précise Benjamin Jurcik. « On sous-estime encore à quel point les fonctions autonomes dépendent de la disponibilité des données dans l'environnement. » Benjamin Jurcik mentionne les feux de circulation comme exemple : les humains les voient comme étant rouges ou verts, mais les machines ont du mal à détecter cette différence de façon fiable en situation réelle. « Et même si elles y parviennent, il faut prévoir une solution de backup. »

Les voitures sans conducteur ont besoin de routes qui parlent

 

« Les voitures pilotes que nous avons étudiées, quel que soit leur succès, fonctionnent dans des environnements géographiquement circonscrits qui peuvent fournir les données dont elles ont besoin »

Benjamin Jurcik

Directeur de la technologie, en charge de l’activité Électronique d’Air Liquide

« En réalité, ces véhicules ne sont pas libres de circuler où ils veulent. » Tout est une question  d’infrastructure intelligente, c’est-à-dire des feux de circulation, des sorties d’autoroute et des barrières qui parlent aux voitures autonomes dans un langage qu’elles peuvent comprendre. C'est aussi une question de connectivité : « La couverture 5G est la condition technique sine qua none au fonctionnement des véhicules autonomes ».

« Ce que nous verrons de plus en plus », explique Benjamin Jurcik, « ce sont des véhicules avec des niveaux d’autonomie différents dans des lieux différents. » A l’heure actuelle, les véhicules plus anciens, entièrement manuels, côtoient déjà sur les routes des voitures modernes à transmission automatique et des modèles plus récents dotés de fonctions autonomes limitées. « À l’avenir, vous aurez de tout sur les routes, des passionnés qui sortent leurs vieilles voitures de sport et leurs vieilles motos et des véhicules entièrement autonomes et sans conducteur ».

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Benjamin Jurcik ne s’attend pas à voir sur les routes les « zones d’exclusion humaine » que l'on peut trouver dans les entrepôts automatisés. « En réalité, la conduite autonome consiste à reproduire les innombrables fonctions du cerveau humain. Autrement dit, les véhicules sans conducteur ne pourront pas s’appuyer sur un seul point d’information. Ils devront reproduire le comportement humain en mettant en relation différentes données pour prendre une décision. Ce processus est extrêmement complexe et nécessitera une puissance de calcul considérable ».

La conduite autonome va accélérer la demande de puces électroniques

En plus de la puissance de traitement embarquée, « potentiellement plus de dix fois supérieure celle des véhicules aujourd’hui », selon Benjamin Jurcik, les voitures sans conducteur devront également disposer de capteurs en temps réel pour fournir à ces processeurs des données de localisation ainsi que d’autres informations et d'actionneurs pour exécuter des fonctions telles que la direction, l’accélération et le freinage. La communication digitale en temps réel avec les véhicules et les infrastructures alentour sera clé.

Cela engendrera une augmentation rapide de la quantité de puces nécessaires dans les véhicules.« C’est une bonne nouvelle pour Air Liquide, bien sûr », explique Benjamin Jurcik, « car la demande croissante de nos clients de l’industrie des semi-conducteurs se répercute sur nos résultats ». « De plus, la conduite assistée et, à terme, les fonctions autonomes nous permettront d’améliorer notre propre logistique ». Air Liquide participe ainsi activement au développement de la voiture autonome, tout en tirant partie de ces innovations.

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