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Qlixbi : une aventure humaine avant tout

Publié le 22 juin 2020

7 minutes

Air Liquide a reçu le prestigieux prix de design Red Dot pour son offre de gaz conditionné, Qlixbi. Comment cette nouvelle solution destinée aux soudeurs a-t-elle su capter l’attention du jury ? En quoi est-elle unique ? Nous sommes allés à la rencontre des personnes qui ont participé à la conception du produit dès ses débuts.

« Pendant la phase de test, nous avons présenté dans un centre logistique britannique la première version de ce qui allait devenir Qlixbi tel qu’on le connaît aujourd'hui » se souvient Sylvestre Coulon. « L’un des trois testeurs, assez jeune, s’est montré particulièrement enthousiaste en constatant la facilité de lecture de l’indicateur de réserve et la simplicité d’utilisation du connecteur. "Vous n'avez qu'à actionner cette bague vers le bas et...”, s'est-il exclamé en prenant mon bras et en gesticulant. C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’on tenait quelque chose. »

Qlixbi est la toute dernière innovation d’Air Liquide en matière de soudage. Conçue avec des soudeurs, pour les soudeurs, l'offre Qlixbi comprend une bouteille de gaz unique en son genre et une gamme de solutions numériques intelligentes qui simplifie leur travail au quotidien.

Un produit adapté aux usages du client

Sylvestre Coulon, Responsable de l'offre Qlixbi chez Air Liquide, a participé au projet depuis ses débuts. Son rôle opérationnel fait de lui la personne idéale pour raconter l’approche révolutionnaire de l’entreprise dans la conception de cette offre de gaz conditionné. « Avec Qlixbi, nous avons voulu reproduire, dans le secteur industriel, les méthodes de conception utilisées pour les biens de grande consommation ou pour le développement d’applications digitales. L'objectif était de réduire la durée des cycles de développement et surtout de créer un produit adapté aux usages du client. »

Pour cela, nous avons impliqué les clients potentiels dès le début de l’aventure et produit des modèles et prototypes à intervalles rapprochés pour leur faire tester. Leurs retours étaient ensuite pris en compte dans la version suivante du produit.



Au total, 700 soudeurs ont participé à la phase de conception au cours de 30 cycles de teste.



« C'était une façon complètement inédite de développer un produit industriel, et elle a porté ses fruits », explique Sylvestre Coulon avant d’ajouter, en souriant: « Les soudeurs ne sont pas du genre à faire l’éloge d’un produit par simple politesse. L’honnêteté de leurs retours a été très appréciée. »

Avant même de découvrir les premiers prototypes, certains soudeurs avaient déjà rencontré des membres de l’équipe pluridisciplinaire de Qlixbi. Des sociologues étaient venus s’entretenir avec eux et observer leur travail. Dans l’ensemble, le projet a mobilisé des expertises très variées chez Air Liquide : des spécialistes en gaz conditionné, pour leur fine connaissance du produit, ainsi que des experts en recherche utilisateur, en expérience utilisateur (UX) et en Internet des objets (IoT). Autre nouveauté pour un produit industriel, l’implication très en amont dans le projet, d’une agence de design pour capitaliser sur les méthodes utilisées par d’autres secteurs et pour d’autres catégories de produit. Il était essentiel pour Air Liquide de proposer un produit à la fois simple, beau et efficace à ses clients issus de l’industrie traditionnelle. 

Répondre aux attentes sur le plan technique et émotionnel 

« En matière de design, il y a trois éléments clés », explique Matthieu Delapalme, directeur de l'agence Pulp Design qui a accompagné Air Liquide dans le développement. « La performance technique, les exigences ergonomiques et les considérations d’ordre esthétique. » Il ajoute : « La compétence technique a bien entendu été du ressort d’Air Liquide. Notre rôle était de rendre le produit plus ergonomique (structure légère, manipulation facile, fonctionnalité) et plus esthétique en créant un langage visuel clair pour Qlixbi. »

« Lors des travaux préliminaires, nous avons remarqué que les soudeurs tiraient une grande fierté d’un travail bien réalisé et qu’ils entretenaient un lien fort avec les outils et les matériaux », se souvient Sylvestre Coulon. « Le fait de travailler dans des environnements industriels, saturés de poussière, d’huile et de bruit, ne les empêche pas d’accorder de l'importance à l'esthétique. » Ainsi, l’équipe Qlixbi est partie de l’hypothèse que l’apparence  ne serait pas un argument de vente mais plutôt de fidélisation sur le long terme. « Et l’un des moyens pour une entreprise d’attirer et de fidéliser les jeunes soudeurs, métier en tension du point de vue recrutement, est de leur offrir un environnement de travail et des produits qui répondent à leurs attentes. »


En proposant un design moderne, Air Liquide montre son engagement envers les soudeurs


Les nouvelles attentes sont de plus en plus influencées par les entreprises dotées d'une forte culture  design. Au cours des dernières décennies, elles ont su transformer des produits relativement utilitaires en objets soignés, élégants et même beaux. Mais la beauté est subjective, c’est une question de contexte. Pour l'équipe Qlixbi, le défi était d'intégrer des éléments design au produit pour lui donner une apparence unique et une valeur émotionnelle forte sans renier son usage industriel.

Pour cela, nous avons aussi pris soin d’élaborer un packaging moderne et valorisant. Traditionnellement, on ne s’intéresse pas ou peu aux emballages des produits industriels. Les connecteurs Qlixbi, eux, sont livrés dans une boîte soignée contenant les instructions illustrées et les informations nécessaires pour retrouver le manuel complet en ligne. « Ce "kit de bienvenue", tel qu'on le nomme, est un outil d'aide à l'utilisation et participe à l’effet "wahou" du produit. Pour les soudeurs, il s’agit plus d’une solution pensée pour eux que d’un simple outil technique. »

Les connecteurs Qlixbi sont livrés dans une boîte soignée contenant les instructions illustrées et les informations nécessaires pour retrouver le manuel complet en ligne.

 

« Qlixbi nous a permis de réaliser différents tests en termes d’apparence, de valeur symbolique et émotionnelle, et d’ergonomie »

Trois questions à Antoine Frenal, Responsable du bureau de conception

Quel a été votre rôle dans le projet Qlixbi, et comment l’avez-vous vécu ?

J’ai endossé divers rôles à différents stades du projet. J’ai d’abord participé à la conception technique du produit. Puis, dans la phase de développement et d'industrialisation, j'ai supervisé les équipes chargées de la conception mécanique qui ont aussi fait le lien entre les fournisseurs et les sous-traitants. Pour moi, l’expérience Qlixbi a été très différente d'autres projets : nous avons accordé une place centrale à l’utilisateur, nous avons interrogé des clients potentiels sur leur vision d’un système d’approvisionnement de gaz de soudage résolument moderne, et nous avons à chaque étape testé les différents concepts pour en améliorer l’ergonomie et l’apparence. Je voudrais également souligner le fait que toutes les équipes ont travaillé main dans la main pour n’en former qu’une seule. C’est sans nul doute un élément déterminant dans la réussite de ce projet. 

En quoi vous êtes-vous démarqués de l’approche habituelle d’Air Liquide en matière de conception ? Et quelles étaient les constantes ?

Avec Qlixbi, les bases techniques sont restées inchangées. Cependant, cette méthode de travail flexible, par itération, nous a permis de réaliser différents tests en termes d’apparence, de valeur symbolique et émotionnelle, et d’ergonomie autour de ce cadre technique. Ainsi, plutôt que de prendre une décision arrêtée sur l’apparence et l’ergonomie du produit, nous avons pu tester plusieurs options et voir ce qui allait et ce qui n’allait pas. Autrement dit, nous avons incorporé de nouveaux éléments design à des modules fiables, sûrs et stables.

En quoi consiste, étape par étape, le processus de conception d’Air Liquide appliqué à Qlixbi ?

Comme tout concepteur qui se respecte, nous commençons toujours par une phase de croquis. Des croquis encore assez bruts à ce stade. Une fois que l’on a trouvé quelque chose de prometteur, on passe à la modélisation. Les premiers modèles, peu détaillés, nous permettent d’avoir une idée de la taille, du poids et de la maniabilité du produit. Lentement mais sûrement, nous arrivons à un prototype en testant et en améliorant les éléments fonctionnels. Par exemple, avec les connecteurs, il a fallu rendre les leviers plus simples à saisir et à manipuler avec les gants épais et résistants à la chaleur que portent les soudeurs. Pour Qlixbi, nous avons accéléré les différents cycles des phases de modélisation et de création de prototypes. Grâce à cette flexibilité, nous avons pu intégrer au fur et à mesure les retours obtenus lors des tests bêta dans les versions ultérieures.

Le projet a également représenté un nouveau défi technique : l’intégration d’éléments électroniques au produit pour pouvoir offrir la gamme de services numériques. Il a, par exemple, fallu s'assurer de la résistance à la chaleur du produit et faire en sorte que les capteurs électroniques et les composants technologiques de communication soient suffisamment solides sachant que leur durée de vie et leurs cycles de maintenance  diffèrent de ceux des bouteilles et des connecteurs en métal. Par la force des choses, notre travail de conception mécanique a pris une dimension électronique. Un défi que nous avons su relever grâce aux nombreuses expertises impliquées dans le projet.

Qlixbi, bien plus qu’un simple objet

Ce qui fait la singularité de Qlixbi, c’est aussi l’association d’un objet physique à une gamme de services numériques. L’application Qlixbi aide les entreprises à suivre leurs réserves de gaz, par exemple. Les chefs d’équipe sont avertis lorsqu’ils doivent passer commande ; ils peuvent également utiliser la fonctionnalité de réapprovisionnement automatique pour garder l'esprit tranquille. « Nous avons travaillé en étroite collaboration avec des concepteurs UX pour rendre l’interface logicielle aussi intuitive et accessible que les bouteilles et les connecteurs », explique Sylvestre Coulon. « S'il est facile de concevoir quelque chose de compliqué, ça l'est beaucoup moins de le rendre simple. »

La rencontre d'hommes et d'expertises à l'origine du succès

« Dès le début du projet, nous nous sommes entourés d’un large éventail d'experts métier. Cette expérience a été très enrichissante et elle n'est pas prête de se terminer. Il y aura en effet toujours des améliorations à apporter. » Sylvestre Coulon n'en demeure pas moins fier de la réussite du projet et du prix qu'ils ont reçu. « Recevoir un prix est une chose. Mais voir les utilisateurs du produit être emballés est encore plus gratifiant », précise-t-il néanmoins.

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